arbustes du jardin de La Rose Verte

lundi 15 août 2011

V comme variétés



Cette année 2011 voit mes premiers massifs d’annuelles, enfin massifs, je dirai plutôt tâches ou coussins.
Souvent j’ai du surélever une zone de terrain, avec un peu de terreau et la cerner de quelques pierres avant de semer. La sécheresse est un véritable fléau la plupart du temps et j’ai commencé par les plus simples des annuelles qui soient et tout particulièrement par des cosmos de toutes variétés.
Certains d’entre eux, les cosmos bipinnatus ‘Picotee’ m’ont particulièrement séduite.


Bien sûr, leur feuillage comme celui de la plupart des cosmos est mousseux et délicat et qu’ils soient bicolores rose très vif sur un fond blanc très pur, les rend lumineux et gais mais il y a mieux.
En fait chaque cosmos ‘Picotee’ est unique, jamais je ne leur découvre deux fleurs exactement semblables.
Le rose est toujours présent mais jamais du même ton, ni ne recouvre la même surface et n’est pas toujours placé au même endroit. C’est comme si, en fait, j’avais semé toutes sortes de cosmos roses et blancs.
En voici quelques-uns mais je gage que chaque matin, je puisse en photographier un différent de celui de la veille.
J’espère qu’ils seront aussi prolixes de graines que les sulfureux !
De plus comme j’ai semé mes cosmos en mélangeant plusieurs sachets de bipinnatus et de sulfureux de toutes sortes, je me dis que l’année prochaine, je pourrai peut-être observer quelques hybrides.
Une très bonne base pour réaliser des massifs aériens et bigarrés.
Je devrais s’ils continuent de fleurir comme ils le font et de produire toujours autant de graines, avoir de quoi constituer d’intéressants effets de masse.
Mais patience, l’année prochaine, n’est que l’idée que l’on veut bien s’en faire. Profitons donc de cet été ci qui nous offre de si mignons et variés cosmos !

vendredi 12 août 2011

T comme TRR








Oui, je sais, ce deuxième billet concernant l'évolution générale du jardin devrait commencer par un B mais la discipline que cela exige  m’est vraiment trop contraignante.
Avez-vous remarqué comme je poste fréquemment en ce moment? Du point de vue de la jardinière ce n'est pas bon signe...
J'écris plus souvent parce que je m'en donne le temps, mais surtout parce que je ne peux que difficilement faire autre chose et que c'est une autre façon de s'occuper du jardin ou d'autres ont pris le relai.
T comme TRR dance, soit Twist, Rock, Rap dance, je ne suis pas que jardinière, j'ai même été beaucoup plus souvent et beaucoup plus longtemps autre chose, ce sont de bons souvenirs, une petite chorégraphie entre complices, de tous âges. C'était, il y a une vingtaine d'années mais maintenant, ce serait plutôt TRR soit Tendinite, Retrait, Renoncement
Une tendinite rageusement récidivante , un retrait du jardin, un renoncement à pas mal de rêves.
Cela fait déjà plus de trois ans que je tergiverse, que je recule que j'y reviens. Ridicule paso doble auquel je dois réfléchir.
Au jardin, je ne peux renoncer complètement, cela est certain mais comment le servir le mieux possible, lui et non ce que j'aurais aimé en faire ?
Lui, notre jardin, n'est à personne ! son prix ne se mesure pas en espèces sonnantes et trébuchantes ou dans le souvenir de tractations commerciales, l'achat du terrain, des arbres, de tous les végétaux qui y poussent.
Notre jardin est vivant, globalement et dans chacun de ses centaines de végétaux.  Le laisser aller de nouveau livré à lui-même serait le trahir, bon nombre de plantes en mourraient, plus ou moins rapidement.
Continuer à m’y démener en souffrant d’une manière plus ou moins supportable, déboucherait sur exactement la même chose, en différant seulement cet abandon.
Je m’en suis donc retirée, complètement ou presque, le laissant juste arrosé le mieux possible, par d’autres, y jetant juste un œil le plus attentif possible lors d’une promenade journalière.
Je me repose, essaie d’aller mieux, on ne compose pas avec une tendinite, tout excès se paye, un tendon ne guérit qu’en fonctionnant un minimum. C’est le dos qui est l’outil par excellence du jardinier, le seul qu’il ne puisse remiser lors d’une seule de ses interventions.
Et là, une tendinite de la hanche, l’englobe partiellement, j’ai donc à déposer les armes, à renoncer.
La raison aurait voulu que je le fasse beaucoup plus tôt, mais je n’ai compris ni l’enjeu ni les conséquences à long terme que récemment, au temps pour moi…ou si vous préférez autant pour moi.
Cette dernière graphie est courante à présent mais je préfère utiliser ici la première qui issue du langage militaire s’utilise pour commander la reprise d’une manœuvre ratée.
TRR, techniques de rattrapage raisonnées, tractations de reprises réfléchies ???
Tout cela est tellement loin de la manière dont je fonctionnais jusqu’alors !
Au jardin, comme partout, je travaille au feeling, à l’envie, au coup de cœur…ou de collier !
Il va me falloir tout changer, enfin pas tout…seulement moi !
De tout cela, je ne sortirai pas indemne, en un mois, en un an, il paraît, que si je fais ce qu’il faut, cette tendinite m’oubliera ou que ce sera l’inverse histoire avec un peu de chance.
En attendant il me faudra apprendre à m’investir au jardin avec réflexion, prudence, circonspection…cela fait bien du monde pour aller planter ce qui reste à l’être !

T comme trouver des solutions, des aménagements, pour mener à bien certains projets encore réalisables,
R comme renoncer totalement à certains autres, où le temps était atout maître,
R comme rire de ce piège où ma vanité m’a conduite pour ne pas y retomber.

Vaste programme, difficile exercice surtout pour moi qui vit seulement ou presque dans le présent et que l’inaction ronge mieux que le plus puissant des acides.
La meilleure aide que je vais recevoir, me viendra du jardin lui-même, je le sais déjà et cela me rassure. J’ai appris presque tout de ce que je suis dans les jardins où je vis depuis que j’existe.
Un jardin est à la fois, le professeur et l’exercice, la note et la sanction aussi.

Vous allez être témoins dans les mois à venir de mes Tentavives, de mes Réussites, de mes Réajustements suite à mes échecs qui seront nombreux et que je sais dès maintenant incontournables.

Alors on y va,
T comme témoins d’arrosage :
Il est aisé d’oublier une plante lorsqu’il y en a tant à arroser, mes meilleurs témoins cette année seront mes ipomées, J’en sème chaque printemps avec plus ou moins de succès et de prodigalité.
Les ‘Milky Way’ commencent leur floraison, ni les premiers, ni les derniers.
Vous les verrez en famille la semaine prochaine. Leurs grandes feuilles en forme de cœur se déshydratent très vite : le soir les trouve souvent pendouillant et pitoyables mais le matin suivant les voit vaillamment redressés par l’humidité et la fraîcheur de la nuit.
Quand les ipomées ne se redressent plus, il n’est que temps d’arroser les végétaux qui les entourent et leur souffrance est très visible, bons témoins d’arrosage donc, à semer sans modération.
Ici, on peut le faire  en vagues successives de fin avril à fin juin, les
derniers tiendront jusqu’en octobre ! 

jeudi 11 août 2011

H comme hibiscus moscheutos 'Sweet Caroline'

Notre dernière entrevue m'avait fait vous le présenter un peu vite, commençons par le commencement!
Cet hibiscus moscheutos m'avait bien déçu l'année dernière, placé en situation très sèche, il n'avait pas fleuri et n'avait guère poussé que d'une trentaine de centimètres.
Au printemps dernier, je l'ai déplacé et il a rejoint le seul massif que j'arrose à foison et où trône le dalhia imperialis, des cannas, un jeune palmier, et autres soiffards que je vous présenterai ensemble et séparément un de ces jours.
Je l'ai laissé en exposition ensoleillée mais quand même un peu moins que l'année dernière et il s'est bien développé sans même un ajout d'engrais que je vais peut-être tenter à présent pour voir la différence. Il est vrai que la terre du jardin si elle est bien drainante , reste assez pauvre.



L'hibiscus moscheutos est originaire des marais de Floride et du Texas et j'avoue avoir hésité à l'implanter chez nous, tant je craignais qu'il manque d'humidité. Nous avons aussi adopté son cousin l'hibiscus coccineus qui n'est pas mal non plus et comme il s'est bien adapté, j'ai tenté ma chance et la sienne!
Il a commencé à fleurir assez tard vers la fin juillet mais l'été frais ne l'a pas aidé; Ses boutons sont rouge cerise avec des reflets pourpre foncé et semblent en sucre candi ou en verre filé, tant ils sont  brillants et nacrés.



La fleur s'ouvre en un jour ou deux sans difficulté et impressionne d'emblée par ses 20 centimètres de large.  Elle reste très gracieuse dans le vent mais il ne faut pas l'y exposer de trop, graves déchirures à craindre. ce sont les bambous géants qui protègent ce massif depuis ce printemps et j'y vois une grande différence.
Globalement, je pourrai y tenter des plantes plus rustiques et plus délicates.


Cependant, pas de problème de rusticité pour cet hibiscus dont les tiges disparaissent dès les premières gelées mais qui repart de la souche, couverte quand même de feuilles mortes jusqu'à -18°. Simplement, pas d'arrosage durant tout l'hiver,en dormance, il n'en a pas besoin.
Je ne sais pas encore s'il y aura pollinisation et si ses fleurs sont fécondes, mais je pense qu'il y a de grandes chances qu'elles le soient.




J'aime beaucoup l'élégance de cette grande fleur  perchée au sommet des tiges qui pour l'instant restent graciles, j'apprécie la teinte très douce de la corolle, d'un rose vif mais délicat, ses pétales légèrement frisés lui donnent un charme fou mais ce que je préfère c'est cette métamorphose du bouton sombre et foncé, raide et épais en cette grande corolle légère et virevoltante, qui devient même translucide sous les rayons du soleil.
Nous lui avons adjoint un compagnon au feuillage pourpre, probablement le 'Kopper King' mais les fleurs de celui-ci se font désirer , ce n'est que son premier été, la délicieuse torture de l'attente ne fait que commencer...




mardi 9 août 2011

A comme Alpha



L’Alpha, est-ce qu’un jardin a réellement un commencement qui soit daté ?

A comme Aspre, puisque ce terrain n’est guère qu’une part de l’Aspre, ces collines qui vont de la plaine du Roussillon jusqu’au pied du Canigou. Il s’adosse à l’une d’entre elle,  au pied des chênes pubescents qui l’on toujours bordé, mais à l’extérieur malheureusement, depuis plus d’un siècle.

A comme arrachage d’une parcelle de vigne cultivée pendant au moins trois générations.
Dans les années 80,  un tracteur, une chaîne et les ceps extirpés qui brûleront dans la cheminée toute neuve, l’arrachage finira à la tombée du jour dans la lueur des phares. Très souvent les travaux du jardin seront faits à la hâte, dans l’urgence, entre deux autres activités pressantes. Le premier jardinier, le créateur du jardin, reste un attrapeur de temps, par un bout d’aile, par une longe traînante, par quelques minutes qui vont s’effilochant inexorablement.
Est-ce que le temps s’écoule plus vite lorsqu’on le vit si intensément ?

A comme aride, une fois la vigne disparue, le vert jaunâtre que l’on distingue sur la première photo n’est que du chiendent. Indestructible, Il ne sera jamais que tenu en laisse courte comme maintenant ou au bout des premières années de mise en végétation mais était redevenu le maître incontesté du jardin quand le deuxième jardinier est arrivé avec vingt ans de retard !

A comme abandon, le jardin s’est affranchi durant une dizaine d’années de tout contrôle hormis celui de la sécheresse et du désherbant aux environs de la maison, de la lutte d’arrière -garde contre un énorme roncier.










A comme abri de jardin, (sur la photo ci dessus,en 2006), à quelques années de la mise en végétation de ce qui restera quelques temps un jardin de rapport  avec verger et potager, se situe la construction de l’abri de jardin.
Reflet de la maison, cave, grenier, et remise pour le motoculteur, sa remorque, la débrousailleuse, les outils en tout genre, la bétonnière, les planches, les échafaudages, les piquets, les rouleaux de grillages et tant d’autres choses. Actuellement, il évolue lentement vers une sorte de serre, juste maintenue hors gel.

A comme ambition, celui qui, les pieds sur le timon, les mains accrochées aux longerons du motoculteur, tracte des remorques et des remorques, de terre, de fumier, de chaux agricole, a beaucoup d’ambition et le prouve jour après jour.

A comme acharnement, c’est contre vents et soleil, qu’il va d’abord carrément tenter de redresser l’assiette de son terrain. En effet, la colline vient juste doucement y mourir, la pente est bien nette et double, de haut en bas et de droite à gauche sur cette sorte de trapèze dont la plus grande base serait la route sur laquelle il donne.

A comme abrupt, le talus qui est devenu une parcelle à part entière du jardin, était beaucoup trop abrupt pour qu’au pied du grand mimosa, puisse pousser quoi que ce soit, sans trop souffrir.
Le premier jardinier qui l’avait édifié en déplaçant carrément la terre du jardin chargée pelle à pelle dans sa remorque,  regarda son adoucissement partiel , au coup d’œil et râteau à la main durant des après-midi entières, par le deuxième jardinier…avec bien des réserves, des discussions et des atermoiements.

A comme ajustements, lorsque je suis arrivée dans ce grand jardin sauvage qui m’a plu dès le premier coup d’œil, les changements qui ne pouvaient qu’arriver ne se sont pas faits sans heurts et difficultés. Cela m’est très compréhensible, il y avait là, vingt ans d’existence partagée entre un homme et son terrain, dont j’étais exclue.

A comme absence justement, celle que je regretterai toujours, ces vingt ans où un jardinier , en outre, très occupé et passionné par son métier, ne pouvait en aucun cas, arriver à tenir seul un si grand jardin.  












A comme arbres, le nerf de la guerre, la clef de tout, les arbres, maîtres de l’ombre ; Dans un jardin comme le nôtre, on ne peut rien faire sans eux. Un arbre met du temps pour grandir, il lui faut dans le cas des plus rapides, au moins dix ans pour jouer son rôle et acquérir sa structure, sa silhouette. Il lui en faudra dix autres, pour acquérir sa maturité.
En même temps qu’il modifiait les pentes du terrain, le conducteur du motoculteur a aussi tracé les grandes lignes de son potager, planté un grand verger d’une bonne dizaine d’arbres et n’a pas pour autant renoncé aux arbres d’ornements.
Aux alentours de la maison et tout au fond du jardin qu’il a rehaussé en terrasse, il implante quelques grands feuillus, un orme doré, un tilleul, un acacia frisia dont la vitesse de pousse le laissera pantois.
D’autres arbres seront ajoutés au fil de la générosité des uns et des autres ; certains s’inviteront seuls, par semis spontané et pour faire bonne mesure, l’obstiné jardinier plantera une très longue haie de cyprès de l’Arizona sur deux des quatre côté du terrain…si longue et large qu’elle se distingue du plus haut du village sur la colline et permet de repérer, au premier coup d’œil, le jardin.
Et cela perdurera jusqu’à très récemment mais ceci est une autre histoire, que je vous conterai aussi.
A l’époque, loin, très loin des collines de L’Aspre, un de mes rêves de citadine, demeurait de planter un arbre, au moins un !

A comme arrivée, la mienne, en l’an 2000 environ : je me fis précédée comme cadeau incontournable, d’un arbre, un très jeune scion de poirier d’ornement Chanticleer, que le premier jardinier planta avec soin et ferveur, qui est magnifique à présent et nous enchante en toute saison du haut de ses plus de quatre mètres .
Ensuite, le premier arbre planté conjointement fut le faux-poivrier, dans la cour d’accueil qui s’ouvre largement sur la route, j’avais réalisé mon rêve et planté un arbre. Mais ce n’était que le premier et dans mon fauteuil tout à l’heure, j’ai commencé à dénombrer, nous avons planté…sans compter les fruitiers, plus d’une trentaine d’arbres en dix ans.
Le Sophora pendula japonica sur la toute jeune pelouse, aura huit ans en octobre et vient de nous offrir sa première et improbable floraison en août 2011.
Le dernier, peut-être, est un frêne,  il y a juste deux mois que nous l’avons planté.
Et l’ombre est là mais…


A comme âge, l’âge est en train de rattraper les deux jardiniers, qui doutent parfois et s’essoufflent dans leurs poitrines et dans leurs têtes même s’ils ont su se donner de l’aide.

A comme attendre, il vous faudra attendre, pour savoir tous les secrets de la création de ce jardin que nous adorons et avec lequel, nous vivons en intime complicité.
Ainsi dans l’ombre portée du chêne rouge,  dans la parraguère, derrière l’abri de jardin, chacun de nous à son tour ou tous deux ensemble, nous allons surveiller les boutons de l’Hibiscus moscheutos ‘Sweet Caroline’ ; c’est que nous avons planté bien d’autres végétaux que des arbres…il y a tant à vous montrer.