arbustes du jardin de La Rose Verte

vendredi 20 novembre 2015

Deux jours de suite... je suis sûre qu'il neige quelque part!

Deux billets consécutifs, alors qu'un par mois, c'est déjà beaucoup, je vais finir par vous ennuyer!
Mais là, je ne pouvais pas faire autrement, tant c'est une situation classique ici.
Je suis accro aux roses, surtout les anciennes, ce n'est pas un scoop! ça m'a pris tôt, dès l'enfance et ça ne me lâchera jamais.
J'ai de courts moments de honte profonde mais globalement je le vis plutôt bien.
Novembre est le mois le plus dangereux ici, quand j'ai refermé et rangé soigneusement les catalogues, passé les commandes sur internet et que je me sens très fière de n'avoir pas craqué et de n'avoir retenu que ce qui était raisonnable!
Ainsi donc je suis partie, le nez au vent, candide au possible, bienheureuse et détendue dans l'air tiède de cette après-midi.
Chaque automne, comme dans beaucoup de jardins, nous jouons aux roses musicales. Je déplace celles qui sont trop à l'ombre, trop au sec , celles qui ont crié grâce tout l'été. En général d'ailleurs , je les prends en pitié très tôt et elles se requinquent en pot avant que je trouve l'emplacement rêvé.
Cette année , c'est carrément tout un massif qui saute, on efface tout et on recommence: j'avais quinze ans de moins et ne savait pratiquement rien sur les roses ni comment les acheter et encore moins où... Trois rescapées cependant, des hybrides de thé, modernes qui plus est , de celles que l'on trouve dans toutes les jardineries et que bien sûr, il ne faut pas acheter...
Il y a deux rosomanes à la Rose Verte et leurs goûts sont quelque peu .... différents, quoi de plus normal.
Il creuse les trous, c'est moi qui plante, nous essayons de tomber d'accord sur quoi planter et où avec droit de veto pour l'un comme pour l'autre.
J'avais donc à mon programme de plantation 'Roxane'...

oui, bon, c'était un cadeau pour l'autre jardinier... intouchable donc,

'Henri Salvador' ce rosier là avait bien résisté,

enfin pas trop mal, bon je n'avais pas pu ... m'en débarrasser

et puis j'avais aussi 'Mitsouko'.

Celui là, datait de la première vague de plantation dans les années 80, je n'étais pas là, je plaide non coupable, d'ailleurs il n'est pas si vilain mais il est bien fragile et je l'avais mis à se refaire une santé avec d'autres dans un grand pot. A trois, ça faisait l'affaire, surtout que les deux autres étaient des boutures bien réussies de grimpants.
Mais quand je l'ai eu extirpé avec précaution, je suis restée atterrée, deux branchettes maigrelettes... et une greffe en très mauvais état... aucune chance qu'il passe l'hiver. Je suis allée avertir avec ménagement le second jardinier qui navré n'a pu que constater que tout espoir était perdu.
Le pire c'est que les deux autres rosiers étaient plantés, en un magnifique triangle dont il manquait donc le troisième larron.  'Henri Salvador', rosier blanc jouait les arbitres et séparait les deux autres parce que pour assortir 'Roxane' , il faut se lever tôt! Elle a, un certain cachet, une belle présence... de très grosses fleurs, un liseré rose vif et de l'orange, non, pas vraiment flamboyant mais on la voit de loin!!
Consternée, j'ai regardé en toute innocence ce que je pouvait trouver sur le catalogue d'une pépinière où je n'avais pas encore commandé. J'avoue, j'avais été tentée plus d'une fois mais j'ai mes fournisseurs préférés et ...je résiste, enfin j'essaye!
Bon d'abord, j'ai consciencieusement épluché toute la liste en cherchant un rosier qui pourrait éteindre un peu... ah non! rien ne peut éteindre 'Roxane'.

J'ai donc repris le catalogue au début et regardé tout ce qui était présenté pour essayer d'avoir un flash, un coup de génie... une inspiration subite et je l'ai eu... assez vite d'ailleurs . Vous n'allez pas le croire, l'élu qui peut tenir tête à l'affolante 'Roxane' s'appelle... ? hein... comment ? ? Tout simplement 'Inspiration', même gamme de couleurs, aussi...euh... toniques! C'est gentil non? on évite le liseré, les couleurs sont plus fondues, les roses ne sont pas trop... grosses , enfin, c'est supportable! il résiste aux maladies , est remontant et a même un ADR.

' Inspiration'

Que demander de mieux ?
Si, si, j'ai bien une requête... que les frais de port ne soit pas équivalents au prix d'un rosier! Je n'allais pas quand même, acheter en quelque sorte un rosier fantôme pour obtenir le premier...
Alors est arrivé, ce qui devait arriver... j'ai commencé à m'intéresser aux autres rosiers et il y en avait beaucoup et de magnifiques et qui ne sont distribués que sur le site en ligne de cette pépinière.
Je rêvais de certains depuis des années et même d'autres étaient tellement désirables que je n'aurais même pas pu les imaginer.
Promis, j'ai juste amorti, un peu, les frais de port et puis les rosiers n'étaient pas chers du tout et puis j'avais des économies. Mais si, je suis très raisonnable... tant qu'il ne s'agit pas de rosiers!
Bon, je plaide coupable... il vaut mieux, et puis je ne passerai vraiment la dernière commande que lorsque les trois autres seront arrivées. D'ici là, je supprimerai de la liste tous ceux, oui... tous ceux, pour qui je n'aurai pas trouvé de place !
Non, non, je n'ai pas qu'une passion, j'adore le rock aussi! entre autres...

The Police 'Roxanne'



jeudi 19 novembre 2015

Encore... jusqu'au bout!

Un érable japonais vient d'arriver au jardin, le dernier d'une petite série. Il faut avoir le goût du défi, beaucoup de détermination et de travail pour envisager une telle collection dans un jardin du Roussillon.

Un Acer shishigashira , très bien emballé et livré avec grand soin.

J'ai la chance d'avoir eu le temps de créer de nombreux jardins.
Celui-ci est le cinquième de ma vie d'adulte et le plus grand jamais entrepris.
Ce petit arbre qui vivra dans un grand pot, nous servira aussi cette année, d'arbre de Noël, qui symbolise avant tout pour moi, la fête de la lumière.

Déballage express, comment résister?!

J'émerge tout juste du chaos et des ténèbres. C'est la première année de ma vie où à plusieurs reprises, dans mon pays, où je suis née et où je vis, je suis confrontée à la barbarie.
Mais je sais bien que celle-ci ne se tait jamais et qu'ailleurs, où nous évitons de trop poser le regard, elle n'a jamais cesser d'exister et j'ai déjà honte et mal de le savoir.
Je m'élève depuis toujours contre toutes les barbaries avec mes modestes moyens, ceux que je maîtrise un peu: le savoir et la culture partagée, la beauté sous toutes ses formes.
Je le fais avec les techniques où je suis le plus à l'aise: le jardinage et la photo, parfois la poésie.
La plupart des jardins que j'ai mis en place étaient en quelque sorte, publics, en plein coeur de villes, au pied d'immeubles délabrés, en regard d'arrêts de bus.
C'est dans ces jardins que j'ai vérifié l'impact de la beauté de la nature: en plantant des bulbes sous la neige, en me levant de grand matin pour repiquer des centaines d'oeillets d'Inde semés par mon père lui aussi jardinier, en travaillant avec mes voisins pour faire naître un espace de vie végétale autour d'un minuscule parking, j'ai réalisé que sans rien dire, sans rien faire d'autre que de modifier ce que nous avions sous les yeux, j'apportais beaucoup plus de réconfort à moi comme aux autres que ne l'auraient fait de longs discours.

Inspection sanitaire, incontournable: c'est quoi encore ce truc? 

Cette fois-ci , le jardin de La Rose Verte est à la fois public et privé.
J'ai eu le projet fou et la grande ambition d'ouvrir modestement tout notre jardin. Non pas pour m'en glorifier mais pour montrer que même ici, on pouvait créer un jardin agréable pour s'y promener et même y vivre, sans pesticides et en utilisant le moins possible d'eau.
L'âge et une santé que je souhaiterais meilleure étaient sur le point de me détourner de ce projet.
Vous avouerai-je que cette horreur , encore si proche, a tout changé!
J'ai été bouleversée, d'autant que Paris est la ville qui m'a vu grandir, celle où j'ai vécu ma vie toute neuve de jeune adulte, celle où j'ai découvert la musique et particulièrement le rock. Nul doute que si j'avais eu 20 ans, j'aurais été moi aussi, ce vendredi , au Bataclan.
Paris est une ville magique, pleine de vie, d'idées neuves, de différences si enrichissantes.
On s'y sent vivre fort, on y côtoie les meilleurs d'entre nous, on frôle parfois leurs étincelles à un concert, dans un café, sur un banc, dans l'île de la Cité au petit jour ou tard le soir à la sortie d'un cinéma... partout en fait! et c'est comme cela depuis toujours!
Paris ne se raconte pas, c'est comme une connivence, ce petit quelque chose qui fait naître l'amitié et même le brasier de l'amour.
Je me souviens , assise en pleine nuit sur les marches de l'Odéon , avoir tapé sur une vielle machine à écrire dénichée aux puces, ce que je prenais pour mes premiers poèmes.
J'en écris encore ici, parfois même au jardin mais rien n'égale la féerie de Paris.
Ainsi, j'ai réalisé en retournant bien plus tard une pochette de disque, que ce grand gars avec un foulard en rouge, qui en Gare du Nord, m'avait appris la guitare à la main, à chanter son 'Coup de blues', était tout simplement Jacques Higelin.
De belles charpentières déjà, il fera un bel arbre de lumière... bien sûr, je vous le montrerai! 

Je suis loin de la ville lumière à présent et pour toujours. Si vous saviez comme le soleil et le ciel bleu du Roussillon m'agacent ces jours-ci, c'est comme s'ils m'éloignaient encore plus.
Qu'aurais-je fait ou écrit ou dit d'autre si j'avais vécu là-bas sous cette lumière si différente?
Ici elle tabasse toutes les couleurs, écrase les nuances, m'oblige à photographier très tôt ou en fin de journée.
Le soleil est loin d'être l'ami du jardinier comme du photographe amateur.
Que faire ici, passée cette intolérable minute de silence assourdissante de tous ces cris à jamais tus?
Eh bien, je me suis dit que j'allais reprendre mon travail de partage, d'échange et d'ouverture, que j'allais de nouveau, encore et encore essayer d'augmenter peu à peu l'espace public de ce jardin.
Tout simplement parce que la beauté de la nature, la sérénité qu'elle nous apporte, le réconfort qu'elle nous procure ne peuvent être réservés à ceux qui ont la chance d'avoir un jardin, petit ou grand.
Quand je travaille au jardin et je le fais tous les jours, toute l'année, pratiquement par tous les temps, il règne alentours un silence d'une qualité exceptionnelle, à peine troublé par les discrètes preuves de la vie animale ou les mille et une façons qu'à le vent de se faire exister.
Le village ne vit que très tôt le matin ou tard le soir et encore. Ce n'est guère que le coeur du village qui s'anime et quelques petites routes où circulent trop vite les voitures.
J'entends aussi le train au passage à niveau, à 5 km de là et la tramontane parfois m'apporte les cris et les rires des enfants en récréation.
il lui restait quelques feuilles dorées, ici ou là


Certains jours ce silence me pèse beaucoup même si j'entretiens de longues conversations avec mes chers rosiers.
Il manque d'autres pas que les miens sur les gravillons et les écorces de pin, quelques bavardages, des exclamations de surprise, des intonations étonnées et puis des rires aussi! Parce que même maintenant alors qu'il est loin d'être abouti, tous ceux qui arpentent le jardin s'y sentent bien! Ce coin de nature a de l'amour pour les Hommes, je l'ai senti tout de suite, dès la première fois où j'y ai marché.
et déjà de nombreux bourgeons.
Ce blog va vivre un peu plus, je vais ajouter des photos ici et là mais je serai plus souvent dans mon jardin que dans les vôtres, virtuels. Cela m'ennuie beaucoup mais il me faut choisir.
j'ai écrit ce billet avec un feutre qui glisse bien et me permet d'écrire librement sans me préoccuper des touches du clavier... que je ne peux pas encore emporter ici ou là, au jardin comme ailleurs, de nuit comme de jour, à mon bureau ou sur le guéridon du Patio parmi les feuilles dorées de la glycine. Parfois aussi j'écris à la tombée de la nuit, le cahier calé sur les genoux comme maintenant.
Tiens , il est temps d'achever ce billet- fleuve, j'entends la mule qui quitte son champ à regret et s'obstine à vouloir y demeurer.
Le 'bourrat' entêté mais si endurant est le symbole catalan.
C'est peut-être cette obstination qui va m'aider à aboutir ce ' jardin partagé' et non pas visité.
Pour l'instant, outre une parcelle qui donne directement sur la rue, le jardin ouvert librement au public est séparé du jardin privé par des clôtures et des portails.
J'espère bien pouvoir les entrebailler peu à peu.
Les endroits inachevés seront bornés par de légères claustras en ferronnerie, celles qui soutiennent si joliment certains rosiers un peu folâtres.
Bien sûr , je serai encore et toujours au jardin en même temps que d'autres y seront... je vous raconterai les évolutions.  Allez, j'y retourne... à bientôt!

Il a 7 folioles, c'est un chiffre que j'aime bien!

jeudi 20 août 2015

Résistance

Deuxième quinzaine du mois d'août, l'un des pires moments au Jardin de la Rose Verte. Selon leur nature et leur caractère, les jardiniers d'ici , maugréent, se désespèrent ou courbent le dos en attendant que ça passe et profitent de ce qu'il reste pour s'émerveiller. Ceux qui me connaissent un peu savent dans quelle catégorie me situer... Reste qu'il fait sec et bien chaud de nouveau et que lorsque j'ai fini d'arroser pour que rien ne meure, je n'ai guère de temps de faire autre chose.

Les dernières acquises s'en sont bien sorties


 Il y a cependant une catégorie de plantes qui résistent assez bien en ces moments difficiles: les xérophytes, celles qui ne se plaisent qu'en terrain sec et très bien drainé.
soleil du matin et bassinage ... non, non, ce ne sont pas des bonsaïs mais si les succulentes savent stocker l'eau , il faut quand même qu'elles en trouvent un minimum pour pouvoir le faire ! 

Ce terrain là, nous l'avons en magasin mais certaines d'entre elles comme les Aloe dont j'avais une assez belle collection ne supportent pas le plein soleil et la réverbération, certaines viennent de tirer leur révérence sans tambour ni trompette et j'ai du changer tous les pots de place en catastrophe.

les Aloe rescapées à l'ombre légère du cerisier pleureur... il me reste un tiers à peine de ma collection maximale.

Je ne parle pas des Crassula qui craignent souvent et le trop chaud et le trop froid, celles-ci , je l'avoue sans honte sont traitées en annuelles sauf si leurs tailles restreintes leur permettent d'être gentiment rentrées à l'intérieur de la maison.
Il fut un temps où je rentrais courageusement ma cinquantaine de pots hors gel dans l'abri de jardin mais depuis l'hiver 2012 où cela n'a pas suffit pour éviter des pertes assez importantes, je suis devenue bien raisonnable. Il y a aussi bien sûr quelques cactus par ci, par là mais ce n'est vraiment pas ma tasse de thé, beaucoup trop piquants pour moi, tout comme les agaves qui sont réellement dangereuses et dont j'ai délégué les soins à qui les aime.

Mix de bouture d'Aeonium dont l'Aonium Kiwi (cadeau que je garde avec soin) 

Certaines succulentes m'accompagnent depuis fort longtemps comme certains Sedum ou Tradescentia qui repartent de la souche quand on s'y attend le moins; j'ai offert les Aeonium qui deviennent vraiment trop gros , je me régale cette année des Haworthia et des Cotyledon , Seneçon et de bien d'autres qui vivent là tout à fait incognito, pour une saison, ou deux ou plusieurs années... je rentre parfois simplement des boutures qui souvent sont très faciles à réussir.


la très classique et gélive Crassula ovata variegata
Certaines sont en pot, d'autres en rocailles, d'autres en jardinières dans du gravier.

La très fidèle Tradescentia sillamontana qui sèche entièrement à l'automne, protège ainsi sa souche et repart de plus belle au printemps! 



Si par hasard, vous en reconnaissez que je n'ai pas nommées, n'hésitez pas à m'éclairer.

Pas très sûre mais je dirais Cotyledon tomentosa en voyant les restes de la  fleur 



Impossible souvent de savoir à qui on a vraiment affaire quand on achète non étiqueté et à un prix inférieur parfois à celui que vaudrait l'étiquette; mes voisins espagnols adorent ces plantes et en offrent en promotion (oferta en catalan) à un prix tel que ce serait criminel de se priver de leurs étranges beautés.
l'étrange Gasteria armonstrongii, aux feuilles en forme de langues
Sa cousine la Gasteria bicolor ou peut-être verrucosa ( j'ai souvent des doutes...)


Haworthia limifolia (oh celles là, je les aime beaucoup, je ferai un article juste pour elles... j'en cultive quelques autres, parfois très différentes)
la Peperomia 'Silver Spark' ( ses fleurs très étranges sont aussi très cassantes, j'attends avec impatience le printemps prochain! )
le superbe Andromischus cooperi


Oh, mais je m'aperçois que je ne vous en ai montré que quelques unes, je m'occupe finalement sans m'en rendre compte de beaucoup de succulentes... vous en serez quittes pour un deuxième billet!

Je n'ai pas pu m'empêcher d'ajouter la Crassula capitella thyrisiflora (comment ce sont des noms imprononçables et que l'on ne peut retenir! ... et encore celui-ci est incomplet... mais il faut bien s'y retrouver... il y en a tellement! ) , elle va fleurir, ce sera ravissant... je vous montrerai la floraison la prochaine fois! 

Un petit tour d'horizon en images, au frais et bien installés devant votre écran.
Sincèrement aujourd'hui comme depuis plusieurs semaines, vous n'auriez rien gagné à m'accompagner les découvrir au jardin!
Allez, les nuits commencent à être fraîches , les poiriers croulent sous les fruits... le pire est probablement passé!

jeudi 16 juillet 2015

Changement

Changement... Je mets le mot au singulier, même s'il va affecter de nombreux domaines dont le jardin parmi tant d'autres. J'aurais même pu écrire bouleversement tant la mise en place de décisions mûrement réfléchies va changer totalement ma façon de vivre et aussi de jardiner.
Je n'ai pas investi ce blog depuis longtemps, je passe de moins en moins de temps dans la virtualité et il fallait choisir, j'étais jusqu'alors plus présente sur les réseaux sociaux.
Mon plaisir d'écrire me pousse à revenir ici vous raconter ce que je vis au jardin... juste au jardin.
Celui-ci est en pleine adolescence, 15 ans à peine et moi je débute la dernière partie de ma vie.
Le temps qui passe n'est pas clément pour le jardinier et celui qui me reste m'est bien trop précieux pour le perdre à me plaindre.
Je ne fais plus les mêmes choses et surtout je ne les fais plus de la même façon.
Nous sommes au coeur de l'été, 36° à l'ombre hier, un peu moins aujourd'hui mais il paraît que les éléments se confondent et que l'air se transmue en feu... je ne vais qu'en rire et irai au jardin quand même, j'ai appris à très bien supporter la chaleur. Je travaillerai à l'ombre tout le temps avec quelques incursions minutées au soleil et boirai beaucoup d'eau et ce qui est à faire se fera.
Mes attentes au jardin se sont modifiées, j'ai revu à la baisse tous mes projets, je cherche par tous les moyens à y faire le moins possible pour en obtenir le plus d'agrément possible.
Je m'escrime surtout à aboutir, à nettoyer, à fignoler, à obtenir un rendu maximum.
J'ajoute beaucoup moins de végétaux que je n'en supprime, je deviens très exigeante... j'avoue avoir été toujours très ambitieuse et difficile, mais là , pour être planté au jardin et le rester , il faut rentrer exactement dans le cahier des charges.
Les coups de coeur, les achats compulsifs sont terminés depuis longtemps, il m'en reste quelques souvenirs qui me gênent un peu aux entournures. Ici la moindre inconséquence se paye le prix fort, je dois réfléchir le quoi, le quand, le où et le comment ! Si, si ...même pour les rosiers qui seront de toutes façons les plus nombreux et jusqu'au bout. Je commence déjà à me lasser de leur trouver des associées... ces vivaces qui demandent tant de travail pour la plupart... ces annuelles qui sont si gourmandes en eau. Le Jardin de la Rose Verte est devenu peu à peu un jardin de roses et le sera de plus en plus... tant qu'il y aura de la place et que j'aurai l'envie de tel ou tel rosier.
Cependant, pour l'instant, j'ai bloqué tout achat de végétaux, je veux que l'état de ceux qui sont déjà plantés soit à la hauteur de mes espérances et de la responsabilité que j'endosse à chaque fois que je les achète.
Beaucoup des arbustes, des rosiers, des arbres bien sûr, du jardin, ont une histoire. Nous avions pris l'habitude de ces 'virées horticoles' qui nous faisaient parcourir tellement de kilomètres pour trouver tel ou tel cultivar.
C'est encore d'actualité mais seulement lorsque l'un de nos pensionnaires nous lâche, fin de vie ou maladie, ou nous déçoit tellement que nous renonçons à le cultiver.
Ainsi un sumac lacinié qui végétait depuis une dizaine d'années mais qui arraché (mal sans doute!), ne se prive vraiment pas de rejeter ! Un Althea aussi qui déplacé deux fois n'arrive toujours pas à fleurir correctement, dévoré de pucerons et boutons secs avant de s'ouvrir, choisi sans doute avec pas assez de soin... il y en a de nombreux autres sur le terrain qui sont magnifiques.
J'ai l'habitude quand je décide de planter un arbuste à fleurs , de le choisir fleuri justement, pas d'erreur d'étiquetage possible, pas de photos trompeuses.
Toute cette scène aura disparu en décembre 2015, les cyprès trop vieux vont être abattus.
Pour remplacer le sumac, nous voulions un Lagerstroemia et pour l'Althea ... tout simplement un autre Althea mais pas n'importe lequel!
Je cultive déjà, depuis presque 10 ans, un Lagerstroemia, acheté comme mauve pâle ( selon la photo de l'étiquette) , sa première floraison, deux ans après fut rose soutenue. Je l'appelais alors Lilas des Indes et avait découvert sa simple existence dans le Tarn où nous passions nos vacances. Je faisais mes classes en quelque sorte.
Entre le mauve délicat que j'avais rêvé et ce rose tonitruant, il y a de la marge ! une erreur que je n'ai pas refaite! 
Cette fois-ci , autre chanson, je voulais un Lagerstroemia blanc et uniquement le cultivar 'Neige d'Eté', celui qui selon moi était incontournable! Pour l'Althea, je le voulais double ... simplement!
Nous sommes donc parti à Albi, avons renoué nos souvenirs, redécouvert la grande pépinière où nous avions acheté le premier et n'avons pas trouvé le beau 'Neige d'Eté'. Par contre, il y avait là , un Althea 'Lavender Chiffon', j'ai planté toute la série ou presque des 'Chiffon', le White, le Pink, le Blue...celui-là offre des fleurs aussi délicates et aériennes que les autres et sa couleur m'a beaucoup plu.
De l'élégance et de la tendresse! 
Pour le Lagerstroemia , il a fallu aller jusqu'à Toulouse mais les plants étaient tellement bon marché que nous nous en sommes offerts deux ! Sur un fond de Cotinus et de Physocarpus... l'été comme l'automne sera un enchantement.
Pas bien grand mais il n'en reprendra que mieux, l'impatience au jardin comme ailleurs est toujours mauvaise conseillère! 
Je vais planter l'Althea tout de suite, malgré la chaleur, c'est un végétal accommodant et son pot est trop petit pour attendre. Les deux autres seront plantés à l'automne, quand le sumac se sera vraiment décidé à laisser la place... je vais aller passer l'écofourche et lancer un faux semis, qu'il rejette, je l'attends de pied ferme!
Bien sûr, je vais arroser aussi mais ça, c'est tous les jours et tout l'été... à chacun son tour, surtout pour les jeunes recrues; les autres se sont adaptées et se sont mis en dormance.
Enfin, vous voyez, je suis toujours au jardin et je plante encore parfois mais c'est la façon de le faire qui a changé. Ce sont les mêmes acteurs, dans le même théâtre mais c'est la pièce qui a changé et nous n'en sommes heureusement qu'au premier acte!
Fleurs blanc pur, feuillage vert foncé aux nervures et boutons rouges, parure d'automne flamboyante et bois très blanc eu hiver ... une merveille!

dimanche 15 mars 2015

Fin de projet , commencement d'un autre.

Tout d'abord préciser que cet article n'est en rien entaché de tristesse ou de regrets. Quand je fais un choix, je n'ai jamais de remords. Depuis quelques années , je m'essouffle au jardin et même ailleurs, les ans en sont la cause, c'est simplement un peu compliqué à gérer parce que dans ma tête rien ne change!
Je m'en reviens comme souvent le samedi de courses horticoles et n'en ai rapporté aucune plante, de la pâtée aux oeufs pour soutenir les premières nichées au jardin et du stimulant racinaire pour aider à la reprise des plantes que nous déplaçons suite à la décision d'abattage de trop vieux cyprès.
Je cherchais un livre aussi, que je n'ai pas trouvé mais rien ne presse, qui pourrait m'aider à gérer les semis spontanés du jardin et son évolution naturelle en quelque sorte.
Parce qu'en fait l'idée est bien celle là, je n'ajoute plus rien, je laisse partir ce qui doit mourir sans renouveler quoi que ce soit, je gère seulement ce qui est prévu de longue date et les cadeaux plus ou moins souhaités de mes proches, de mes amis... parce qu'entre jardiniers, on ne peut s'empêcher d'échanger ou de simplement donner... notre générosité verte est légendaire!
J'ai participé deux ans de suite au Seeds of Love que je vous ai présenté dans les articles précédents et je pense continuer mais de manière très orientée! Je n'essaierai de gagner, puisqu'il s'agit d'un jeu que des annuelles et de celles qui se sèment en pleine terre ... à la volée ou en poquets mais qui ne représentent que très peu d'efforts et savent se débrouiller toutes seules.
Cette année, j'ai beaucoup de vivaces et de bisannuelles à semer, à chaud, à froid, en mini-serre, sous châssis, en terrines, en pot et en pleine terre... il m'en restera même quelques unes à gérer cet automne et puis s'en sera fini de tous ces efforts.
Certaines d'entre elles m'accompagneront au jardin durant ... quelque temps, la vie est facétieuse et je n'ai pas l'habitude de tabler sur l'avenir mais sur le présent. Certaines se ressèmeront d'autres pas.
J'ai décidé de profiter de mon jardin, en m'y investissant très différemment, je pense en quelque sorte non pas le précéder mais le suivre, je vais lui proposer un certain nombre de végétaux et il en fera ce qu'il voudra... sous ma surveillance. Je le connais bien, il a besoin d'être très sérieusement tenu en laisse. Les indésirables, les miennes du moins, le resteront et je sais qu'il va m'en refuser beaucoup d'autres! Mais c'est ainsi.
Je table sur les arbres, les arbustes, les rosiers, les bambous déjà plantés, les haies déjà mises en place, les chemins et les massifs déjà ébauchés pour maintenir une solide structure et pour le reste, je vais m'octroyer le meilleur aide- jardinier qui soit, la Nature!
Je vais continuer de tailler, d'engraisser, d'arroser, je ferai un peu la police, je maintiendrai certains endroits très nets pour que la liberté des autres en soit plus triomphante et ... c'est à peu près tout.

La vue a bien changé, l'acacia du fond et le pommier à gauche sont morts, un frêne et de nombreux rosiers et graminées ont été plantés, il y a beaucoup moins de prairie et si le chemin est plus large, il n'est guère plus soigné (séquelles de travaux): jardiner c'est évoluer, tout le temps! 


D'ailleurs, pour essayer mon nouveau sécateur, la Rolls des sécateurs ( enfin on verra à l'usage) , j'ai taillé nos vingt-cinq pieds de vigne, raisins de table bien sûr et du 'Cardinal' essentiellement, les ceps ont plus de 30 ans et eux aussi sont un peu fatigués. J'ai réalisé une taille drastique pour tenter de régénérer un peu l'ensemble.

Hier, alors que je taillais, je me suis aperçue que la vigne débourrait en bout de sarment, elle a 15 jours d'avance. Elle va pleurer un peu mais cela lavera bien les plaies de taille et les températures encore basses le matin vont stopper tout ça.

Je tremblais dans mes bottes quand j'ai avoué ce forfait à celui qui les a plantés. Mais à grande surprise, il m'a félicitée et a ajouté qu'il était dommage d'avoir tant de pieds d'une seule variété et qu'une fructification étalée sur l'été serait bien plus avantageuse.


Si la vigne ouvre ses bourgeons en général début avril, le processus de floraison que l'on peut voir dès la première photo, se déroule sur les mois d'avril et de mai et commence bien sûr par la mise en végétation de nouvelles pousses très véloces. 

Il suffisait d'arracher les décatis et de les remplacer par diverses variétés... d'ailleurs le muscat 'Alphonse Lavallée' le tentait bien!


Trois ceps poussaient isolés sur une sorte de trépied, un 'Dattier de Beyrouth' , un muscat 'Italia' et un chasselas doré , deux jeunes recrues et le dernier représentant de la première implantation 'Espérance', don d'une viticultrice nommé de même . Ici c'est la fleur du muscat 'Italia' . Les trois ont été replacés ce printemps avec les autres pour bénéficier d'une meilleure exposition. 

Planter, encore planter... je connais bien cette chanson, j'ai déchaussé mes bottes en maugréant que j'avais un bon livre sur les variétés de vignes et que je consentirai peut-être à m'agenouiller pour placer symboliquement les nouveaux ceps dans les trous déjà faits , qui seraient refermés par d'autres que moi.

Silence gêné... je suis partie, l'âme en paix et le coeur au repos me préparer un bon thé bien chaud.

C'est quand que l'on plante la vigne ?...Oh, je ne sais pas... tu t'en souviens toi ???

lundi 16 février 2015

Graines de rêves

Je reprends non pas la plume, ni même le stylo, puisque je dois bien me contenter d'un clavier , ce n'est pas ce que je préfère mais il est bien évident que c'est pour moi la seule façon d'être un peu lue et j'ai des choses à dire... oui , cela m'a souvent desservie mais c'est comme ça!
Je viens de participer à un jeu entre jardiniers, le Seeds of Love, le SOl comme on l'appelle, je vous en parlerai dans un de mes prochains articles, mais parmi ceux qui survoleront intrigués ces lignes, la majorité viendra probablement d'y jouer aussi.
Ceux qui ont gagné mes graines, ont reçu en outre quelques petites étoiles, dorées ou argentées, facétie sans doute, d'une déjà fatiguée qui retombe en enfance.
J'avoue l'âge, j'avoue la fatigue mais ma tête va bien et de mon enfance , je n'ai gardé que quelques aptitudes solidement ancrées. Ainsi ces petites étoiles glissées dans mes enveloppes, sont des graines de rêves.
Dans mon précédent article, je donnais quelques pistes pour faire pousser les graines que vous aviez gagnées, mais ce soir, il s'agit de bien autre chose. Qu'allez -vous faire mes amis jardiniers, de vos graines de rêves... Où sont-elles à présent? Dorment-elles encore dans l'enveloppe, ont-elles atterri d'une pichenette dans votre corbeille à papier ? Elles sont probablement déjà oubliées.
C'est dommage, je vous les avais données pour que vous les semiez... pas au jardin, elles n'ont pas besoin de terreau, ni de serre chaude ou froide... c'est à vous de décider, c'est à vous d'inventer la technique de germination !
J'en sais quelque chose puisque depuis toute petite, ce sont elles dont je m'occupe le plus, ce sont elles que je cultive avec le plus de passion!
C'est à la fois très facile et très complexe, cela dépend de ce que l'on attend de sa vie, celle de jardinier et toutes les autres.
J'ai rêvé de jardins et cela m'arrive encore puisque ce sont ces rêves là dont je viens ici le plus souvent vous parler mais je rêve de toutes sortes de choses et je fais les projets qui vont avec.
Non, parce qu'un rêve qui ne reste qu'un rêve, c'est d'un triste! J'ai très vite su la différence entre un rêve stérile qui ne débouchait que sur un tourment de plus et les autres, ceux qui vous grandissent et vous font déployer vos ailes. N'ayez crainte, les anges ne vont pas encore débarquer!
J'ai toute ma tête, vous dis-je !
En bon jardinier, examinez vos graines de rêves, certaines ne germeront pas, il leur faut des conditions de germination que vous ne pouvez leur offrir et nous le savons bien, ces petites étoiles là, ne resteront que des étoiles, comme celles de nos ciels d'été, si lointaines, si froides qu'elles nous séduisent tout en nous effrayant un peu, nous ne pouvons les atteindre et le savons très bien. Ce lot là est stérile. N'y accordez pas trop d'attention, cela fait partie de notre jeu quotidien, c'est sur les autres qu'il vous faut, eh bien, rêver...
Rêver, c'est imaginer, c'est se délecter de mille merveilles, c'est avoir des étoiles plein les yeux... mais cela ne suffit pas, il faut passer à l'action, désirer n'est pas vouloir, il faut trouver des moyens, des chemins qui ne sont parfois que de longs sentiers ombreux sur tapis d'herbes folles.
Pour réaliser certains de mes rêves, il ne m'a fallut, petite fille, que quelques mois, qui me paraissaient très longs d'ailleurs, vous vous souvenez ? mais si... d'un Noël à l'autre!
Mais d'autres se sont étirés sur des dizaines d'années, j'ai même du en abandonner quelques uns, mes choix de vie m'en ayant trop éloignée.
C'est qu'il faut bien rester concentré sur le but à atteindre et les directions à prendre, il y a de nombreuses clairières, il est aisé de se perdre, et plus le rêve est haut et plus le sentier est contourné, imprévisible et ... fatiguant. Oui, il est des soirs et même des matins où l'on poserait bien son rêve sur le premier banc venu, ne faites pas ça! A peine abandonné, quelqu'un d'autre le reprendra à votre place et il ne restera rien de vos efforts.
J'ai eu de la chance, j'en ai toujours ou du moins c'est que l'on dit de moi, très souvent.
Ce n'est pas de la chance: un rêve se porte à bout de bras, il vous exténue et vous brise mais si jamais vous n'y renoncez, si inexorablement vous le transformez en projet, si vous lui donnez les moyens de prendre corps, si vous lui accordez l'énergie, la ténacité et un doigt d'obstination peut-être, il illuminera votre vie;
Comme je suis une invétérée prétentieuse, j'ai rêvé beaucoup, sans ne me donner de limites que l'évident inaccessible et comme je suis très ... on dira... déterminée, j'ai réalisé les rêves dont j'avais besoin.
C'est tout le mal que je vous souhaite, j'ai glissé le meilleur et le pire, dans vos enveloppes! Qu'y a-t-il de plus terrifiant qu'un rêve dans nos petites vies bien réglées ?
C'est que cela vous bouleverse, vous chamboule, vous exténue, à trop rêver on n'en dort plus!
Je suis tout à fait consciente d'avoir fait une grosse bêtise en vous emmenant sur ce terrain là, mais c'est que j'ai confiance en vous, vous me paraissez déjà souvent, avoir la tête dans les étoiles, sinon vous ne seriez pas jardiniers!
Peut-être serez vous portés à me dire ce que deviennent mes graines de rêves et ce que vous en avez fait ou ce que vous comptez en faire ou ... que vous n'avez rien à en faire peut-être aussi ?
Je serai toujours intéressée, d'autant que malgré mon trop d'années: je suis encore là, à vous écrire, si ce n'est pas de la chance, ça ? Il me semble à moi, plutôt que même pour ça, il m'a fallut rêver très fort!
En tout cas, depuis quelques jours, je me suis souvenue d'un de mes rêves, d'il y a, très longtemps. J'étais au collège et sur le mur de ma chambre devant la petite table qui me servait de bureau, j'avais punaisé trois photos, trois rêves.
J'en ai réalisé deux, l'un était un grand jardin, un peu sauvage, j'y marche tous les jours! l'autre... a souvent tourné au cauchemar, je ne vous en parlerai pas, ce n'était pas une bonne graine, le plant a courbé la tête et je m'en suis détournée.
La troisième photo m'est revenue en mémoire et j'en suis obsédée, c'est mon dernier rêve en cours: flambant neuf, ambitieux mais pas inaccessible, je vous tiendrai au courant!
Faites de même si vous voulez!