arbustes du jardin de La Rose Verte

vendredi 20 novembre 2015

Deux jours de suite... je suis sûre qu'il neige quelque part!

Deux billets consécutifs, alors qu'un par mois, c'est déjà beaucoup, je vais finir par vous ennuyer!
Mais là, je ne pouvais pas faire autrement, tant c'est une situation classique ici.
Je suis accro aux roses, surtout les anciennes, ce n'est pas un scoop! ça m'a pris tôt, dès l'enfance et ça ne me lâchera jamais.
J'ai de courts moments de honte profonde mais globalement je le vis plutôt bien.
Novembre est le mois le plus dangereux ici, quand j'ai refermé et rangé soigneusement les catalogues, passé les commandes sur internet et que je me sens très fière de n'avoir pas craqué et de n'avoir retenu que ce qui était raisonnable!
Ainsi donc je suis partie, le nez au vent, candide au possible, bienheureuse et détendue dans l'air tiède de cette après-midi.
Chaque automne, comme dans beaucoup de jardins, nous jouons aux roses musicales. Je déplace celles qui sont trop à l'ombre, trop au sec , celles qui ont crié grâce tout l'été. En général d'ailleurs , je les prends en pitié très tôt et elles se requinquent en pot avant que je trouve l'emplacement rêvé.
Cette année , c'est carrément tout un massif qui saute, on efface tout et on recommence: j'avais quinze ans de moins et ne savait pratiquement rien sur les roses ni comment les acheter et encore moins où... Trois rescapées cependant, des hybrides de thé, modernes qui plus est , de celles que l'on trouve dans toutes les jardineries et que bien sûr, il ne faut pas acheter...
Il y a deux rosomanes à la Rose Verte et leurs goûts sont quelque peu .... différents, quoi de plus normal.
Il creuse les trous, c'est moi qui plante, nous essayons de tomber d'accord sur quoi planter et où avec droit de veto pour l'un comme pour l'autre.
J'avais donc à mon programme de plantation 'Roxane'...

oui, bon, c'était un cadeau pour l'autre jardinier... intouchable donc,

'Henri Salvador' ce rosier là avait bien résisté,

enfin pas trop mal, bon je n'avais pas pu ... m'en débarrasser

et puis j'avais aussi 'Mitsouko'.

Celui là, datait de la première vague de plantation dans les années 80, je n'étais pas là, je plaide non coupable, d'ailleurs il n'est pas si vilain mais il est bien fragile et je l'avais mis à se refaire une santé avec d'autres dans un grand pot. A trois, ça faisait l'affaire, surtout que les deux autres étaient des boutures bien réussies de grimpants.
Mais quand je l'ai eu extirpé avec précaution, je suis restée atterrée, deux branchettes maigrelettes... et une greffe en très mauvais état... aucune chance qu'il passe l'hiver. Je suis allée avertir avec ménagement le second jardinier qui navré n'a pu que constater que tout espoir était perdu.
Le pire c'est que les deux autres rosiers étaient plantés, en un magnifique triangle dont il manquait donc le troisième larron.  'Henri Salvador', rosier blanc jouait les arbitres et séparait les deux autres parce que pour assortir 'Roxane' , il faut se lever tôt! Elle a, un certain cachet, une belle présence... de très grosses fleurs, un liseré rose vif et de l'orange, non, pas vraiment flamboyant mais on la voit de loin!!
Consternée, j'ai regardé en toute innocence ce que je pouvait trouver sur le catalogue d'une pépinière où je n'avais pas encore commandé. J'avoue, j'avais été tentée plus d'une fois mais j'ai mes fournisseurs préférés et ...je résiste, enfin j'essaye!
Bon d'abord, j'ai consciencieusement épluché toute la liste en cherchant un rosier qui pourrait éteindre un peu... ah non! rien ne peut éteindre 'Roxane'.

J'ai donc repris le catalogue au début et regardé tout ce qui était présenté pour essayer d'avoir un flash, un coup de génie... une inspiration subite et je l'ai eu... assez vite d'ailleurs . Vous n'allez pas le croire, l'élu qui peut tenir tête à l'affolante 'Roxane' s'appelle... ? hein... comment ? ? Tout simplement 'Inspiration', même gamme de couleurs, aussi...euh... toniques! C'est gentil non? on évite le liseré, les couleurs sont plus fondues, les roses ne sont pas trop... grosses , enfin, c'est supportable! il résiste aux maladies , est remontant et a même un ADR.

' Inspiration'

Que demander de mieux ?
Si, si, j'ai bien une requête... que les frais de port ne soit pas équivalents au prix d'un rosier! Je n'allais pas quand même, acheter en quelque sorte un rosier fantôme pour obtenir le premier...
Alors est arrivé, ce qui devait arriver... j'ai commencé à m'intéresser aux autres rosiers et il y en avait beaucoup et de magnifiques et qui ne sont distribués que sur le site en ligne de cette pépinière.
Je rêvais de certains depuis des années et même d'autres étaient tellement désirables que je n'aurais même pas pu les imaginer.
Promis, j'ai juste amorti, un peu, les frais de port et puis les rosiers n'étaient pas chers du tout et puis j'avais des économies. Mais si, je suis très raisonnable... tant qu'il ne s'agit pas de rosiers!
Bon, je plaide coupable... il vaut mieux, et puis je ne passerai vraiment la dernière commande que lorsque les trois autres seront arrivées. D'ici là, je supprimerai de la liste tous ceux, oui... tous ceux, pour qui je n'aurai pas trouvé de place !
Non, non, je n'ai pas qu'une passion, j'adore le rock aussi! entre autres...

The Police 'Roxanne'



jeudi 19 novembre 2015

Encore... jusqu'au bout!

Un érable japonais vient d'arriver au jardin, le dernier d'une petite série. Il faut avoir le goût du défi, beaucoup de détermination et de travail pour envisager une telle collection dans un jardin du Roussillon.

Un Acer shishigashira , très bien emballé et livré avec grand soin.

J'ai la chance d'avoir eu le temps de créer de nombreux jardins.
Celui-ci est le cinquième de ma vie d'adulte et le plus grand jamais entrepris.
Ce petit arbre qui vivra dans un grand pot, nous servira aussi cette année, d'arbre de Noël, qui symbolise avant tout pour moi, la fête de la lumière.

Déballage express, comment résister?!

J'émerge tout juste du chaos et des ténèbres. C'est la première année de ma vie où à plusieurs reprises, dans mon pays, où je suis née et où je vis, je suis confrontée à la barbarie.
Mais je sais bien que celle-ci ne se tait jamais et qu'ailleurs, où nous évitons de trop poser le regard, elle n'a jamais cesser d'exister et j'ai déjà honte et mal de le savoir.
Je m'élève depuis toujours contre toutes les barbaries avec mes modestes moyens, ceux que je maîtrise un peu: le savoir et la culture partagée, la beauté sous toutes ses formes.
Je le fais avec les techniques où je suis le plus à l'aise: le jardinage et la photo, parfois la poésie.
La plupart des jardins que j'ai mis en place étaient en quelque sorte, publics, en plein coeur de villes, au pied d'immeubles délabrés, en regard d'arrêts de bus.
C'est dans ces jardins que j'ai vérifié l'impact de la beauté de la nature: en plantant des bulbes sous la neige, en me levant de grand matin pour repiquer des centaines d'oeillets d'Inde semés par mon père lui aussi jardinier, en travaillant avec mes voisins pour faire naître un espace de vie végétale autour d'un minuscule parking, j'ai réalisé que sans rien dire, sans rien faire d'autre que de modifier ce que nous avions sous les yeux, j'apportais beaucoup plus de réconfort à moi comme aux autres que ne l'auraient fait de longs discours.

Inspection sanitaire, incontournable: c'est quoi encore ce truc? 

Cette fois-ci , le jardin de La Rose Verte est à la fois public et privé.
J'ai eu le projet fou et la grande ambition d'ouvrir modestement tout notre jardin. Non pas pour m'en glorifier mais pour montrer que même ici, on pouvait créer un jardin agréable pour s'y promener et même y vivre, sans pesticides et en utilisant le moins possible d'eau.
L'âge et une santé que je souhaiterais meilleure étaient sur le point de me détourner de ce projet.
Vous avouerai-je que cette horreur , encore si proche, a tout changé!
J'ai été bouleversée, d'autant que Paris est la ville qui m'a vu grandir, celle où j'ai vécu ma vie toute neuve de jeune adulte, celle où j'ai découvert la musique et particulièrement le rock. Nul doute que si j'avais eu 20 ans, j'aurais été moi aussi, ce vendredi , au Bataclan.
Paris est une ville magique, pleine de vie, d'idées neuves, de différences si enrichissantes.
On s'y sent vivre fort, on y côtoie les meilleurs d'entre nous, on frôle parfois leurs étincelles à un concert, dans un café, sur un banc, dans l'île de la Cité au petit jour ou tard le soir à la sortie d'un cinéma... partout en fait! et c'est comme cela depuis toujours!
Paris ne se raconte pas, c'est comme une connivence, ce petit quelque chose qui fait naître l'amitié et même le brasier de l'amour.
Je me souviens , assise en pleine nuit sur les marches de l'Odéon , avoir tapé sur une vielle machine à écrire dénichée aux puces, ce que je prenais pour mes premiers poèmes.
J'en écris encore ici, parfois même au jardin mais rien n'égale la féerie de Paris.
Ainsi, j'ai réalisé en retournant bien plus tard une pochette de disque, que ce grand gars avec un foulard en rouge, qui en Gare du Nord, m'avait appris la guitare à la main, à chanter son 'Coup de blues', était tout simplement Jacques Higelin.
De belles charpentières déjà, il fera un bel arbre de lumière... bien sûr, je vous le montrerai! 

Je suis loin de la ville lumière à présent et pour toujours. Si vous saviez comme le soleil et le ciel bleu du Roussillon m'agacent ces jours-ci, c'est comme s'ils m'éloignaient encore plus.
Qu'aurais-je fait ou écrit ou dit d'autre si j'avais vécu là-bas sous cette lumière si différente?
Ici elle tabasse toutes les couleurs, écrase les nuances, m'oblige à photographier très tôt ou en fin de journée.
Le soleil est loin d'être l'ami du jardinier comme du photographe amateur.
Que faire ici, passée cette intolérable minute de silence assourdissante de tous ces cris à jamais tus?
Eh bien, je me suis dit que j'allais reprendre mon travail de partage, d'échange et d'ouverture, que j'allais de nouveau, encore et encore essayer d'augmenter peu à peu l'espace public de ce jardin.
Tout simplement parce que la beauté de la nature, la sérénité qu'elle nous apporte, le réconfort qu'elle nous procure ne peuvent être réservés à ceux qui ont la chance d'avoir un jardin, petit ou grand.
Quand je travaille au jardin et je le fais tous les jours, toute l'année, pratiquement par tous les temps, il règne alentours un silence d'une qualité exceptionnelle, à peine troublé par les discrètes preuves de la vie animale ou les mille et une façons qu'à le vent de se faire exister.
Le village ne vit que très tôt le matin ou tard le soir et encore. Ce n'est guère que le coeur du village qui s'anime et quelques petites routes où circulent trop vite les voitures.
J'entends aussi le train au passage à niveau, à 5 km de là et la tramontane parfois m'apporte les cris et les rires des enfants en récréation.
il lui restait quelques feuilles dorées, ici ou là


Certains jours ce silence me pèse beaucoup même si j'entretiens de longues conversations avec mes chers rosiers.
Il manque d'autres pas que les miens sur les gravillons et les écorces de pin, quelques bavardages, des exclamations de surprise, des intonations étonnées et puis des rires aussi! Parce que même maintenant alors qu'il est loin d'être abouti, tous ceux qui arpentent le jardin s'y sentent bien! Ce coin de nature a de l'amour pour les Hommes, je l'ai senti tout de suite, dès la première fois où j'y ai marché.
et déjà de nombreux bourgeons.
Ce blog va vivre un peu plus, je vais ajouter des photos ici et là mais je serai plus souvent dans mon jardin que dans les vôtres, virtuels. Cela m'ennuie beaucoup mais il me faut choisir.
j'ai écrit ce billet avec un feutre qui glisse bien et me permet d'écrire librement sans me préoccuper des touches du clavier... que je ne peux pas encore emporter ici ou là, au jardin comme ailleurs, de nuit comme de jour, à mon bureau ou sur le guéridon du Patio parmi les feuilles dorées de la glycine. Parfois aussi j'écris à la tombée de la nuit, le cahier calé sur les genoux comme maintenant.
Tiens , il est temps d'achever ce billet- fleuve, j'entends la mule qui quitte son champ à regret et s'obstine à vouloir y demeurer.
Le 'bourrat' entêté mais si endurant est le symbole catalan.
C'est peut-être cette obstination qui va m'aider à aboutir ce ' jardin partagé' et non pas visité.
Pour l'instant, outre une parcelle qui donne directement sur la rue, le jardin ouvert librement au public est séparé du jardin privé par des clôtures et des portails.
J'espère bien pouvoir les entrebailler peu à peu.
Les endroits inachevés seront bornés par de légères claustras en ferronnerie, celles qui soutiennent si joliment certains rosiers un peu folâtres.
Bien sûr , je serai encore et toujours au jardin en même temps que d'autres y seront... je vous raconterai les évolutions.  Allez, j'y retourne... à bientôt!

Il a 7 folioles, c'est un chiffre que j'aime bien!